Depuis lundi, c’est acté : la capitale est passée à 30 km/h sur la grande partie de son territoire. Hormis le périphérique (limité à 70 km/h), les boulevards des Maréchaux et quelques grands axes, les parisiens ne pourront plus dépasser cette limite de vitesse.
Si toutes les chaînes d’information étaient en boucle sur le sujet en début de semaine, cette mesure est loin d’être récente et particulière. En effet, en Europe bon nombre de capitales ont d’ores et déjà sauté le pas. En France près 250 villes font également l’objet de cette réglementation sur la majorité de leurs axes. Environ 15 % de la population vit aujourd’hui dans une ville où l’on ne peut plus dépasser cette vitesse.
Cette mesure ayant fait couler beaucoup d’encre, l’Observatoire Ewigo revient avec vous sur de nombreux points évoqués.
Cette mesure ne concerne que les grandes agglomérations ?
Non ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Paris et les grandes agglomérations ne sont pas pionnières et uniques en la matière. Environ 250 communes ont déjà passé le cap, et seulement 15 d’entre elles ont plus de 100.000 habitants. Fontenay-aux-Roses est la première « ville 30 » revendiquée en 2005 suivie par d’autres villes d’Ile-de-France. Dans les grandes villes telles que Toulouse, Rennes, Lille ou Strasbourg, cette mesure est plus récente, datant de 2019 ou 2020, alors que la dernière en date avant Paris était Montpellier (1er août 2021).
Rouler plus lentement limite-t-il le nombre d’accidents ?
Pour Paris notamment, les revendications des élus en faveur de cette mesure sont des enjeux de sécurité routière permettant de rendre plus sûres les rues de la capitale pour les personnes considérées comme les plus vulnérables : piétons, cyclistes, enfants et seniors. Les risques d’accidents graves sont beaucoup moins importants lorsqu’on est à 30km/h plutôt qu’à 50 km/h. En 2018, à Paris 18 % des accidents graves étaient dus à des excès de vitesse. Sur une ville comme Grenoble, après 3 ans de mise en place d’un tel dispositif, l’accidentalité semble baisser.
La qualité de l’air est-elle améliorée ?
Cette mesure n’aurait pas d’effet direct sur la qualité de l’air. En effet, dans certaines villes où cela a déjà été mis en place telles que Lille, Grenoble, Milan, Madrid ou encore Bruxelles, aucune conclusion n’a été tirée en ce sens. Une étude du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, le CEREMA parue le 17 août, montre que les moteurs sont optimisés, c’est-à-dire qu’ils polluent moins, quand la voiture roule entre 50 et 80 km/h mais qu’en dessous, les émissions sont plus importantes. Les arrêts fréquents et les redémarrages incessants sont aussi mauvais pour la pollution.
Ne pas dépasser les 30km/h réduit les nuisances sonores ?
S’agissant du bruit, l’amélioration n’est pas davantage avérée. L’Ademe, l’agence gouvernementale pour la transition écologique, retient pour autant dans son rapport de 2014 que « dans la plupart des études, une réduction de la vitesse est associée à une diminution du bruit ». Une nuance est tout du moins apportée, « pour des faibles vitesses de circulation, différents éléments peuvent apparaître comme générateurs du bruit routier : aménagement, revêtements de chaussées, débit élevé et nature du trafic… ». Ainsi, les ralentisseurs peuvent occasionner un surcroît de bruit au moment de la réaccélération notamment.
Conclusion ?
Au-delà des chiffres, il est indéniable que l’objectif des villes ayant passées le cap des 30 km/h, est de faire petit à petit changer les mentalités et les modes de circulation, pour privilégier les mobilité dites «douces». L’avenir nous dira si le pari est réussi. En attendant, levons le pied de l’accélérateur !